Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Indiens, prennent cinq ou six bananes mûres, les hachent, en font une masse, et la font bouillir en forme de poudding, qu’ils appellent cotte de mailles, parce que c’est une ressource ordinaire contre la faim. On fait aussi de très-bonnes tartes avec ces fruits. Verts, coupés par tranches et séchés au soleil, ils se gardent long-temps et se mangent comme des figues. Quelquefois on prend des bananes mûres, on les rôtit, on les coupe en morceaux, dont on exprime le jus dans une certaine quantité d’eau, et on s’en fait une liqueur agréable, douce et nourrissante, qui approche du lambswool, liqueur anglaise composée de pommes et de l’espèce de bière qu’on nomme ale. Le même voyageur ajoute que, dans plusieurs endroits des Indes occidentales qu’il avait parcourus, la liqueur de bananes se fait autrement. On prend dix ou douze bananes mûres, qu’on met dans une cuve, et sur lesquels on jette huit pintes d’eau dans l’espace de dix heures. Les sucs du fruit faisant fermenter et écumer ce mélange, on peut le boire quatre heures après ; mais il ne se garde pas plus de vingt-quatre heures. Ceux qui aiment cette liqueur, qui est agréable, rafraîchissante, et dont le seul défaut est d’être fort venteuse, ne manquent pas d’en faire tous les jours. Lorsqu’elle devient aigre, on en fait de très-bon vinaigre.

Dans l’île de Mindanao, les habitans ont trouvé le secret de faire usage, pour leur ha-