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le monde dans l’Inde mâche continuellement du bétel. On n’oserait parler à une personne de qualité sans en avoir dans la bouche. Les femmes, les femmes galantes surtout, en mâchent sans cesse, dans l’intention d’augmenter leurs attraits. On mâche du bétel pendant les visites, on offre du bétel en se saluant, comme en Europe on offre du tabac ; et lorsqu’on se quitte pour quelque temps, l’usage est de se faire présent mutuellement d’une boîte remplie de fruit d’arec, de feuilles de bétel, de chaux et de plusieurs aromates, afin que chacun prépare le mélange suivant son goût. Les uns y mettent un grain de cardamome, d’autres un clou de girofle, ou un peu d’ambre gris.

Outre le beau vermillon que ce mélange donne aux lèvres, et l’agréable odeur qu’il laisse à la bouche, il fortifie l’estomac, il aide à la digestion ; et ceux qui en font habituellement usage peuvent se passer du secours du vin. On prétend aussi qu’il préserve de la gravelle et de la pierre, et qu’il apporte un merveilleux soulagement à ceux qui sont attaqués de ces cruelles maladies. Tous les voyageurs assurent qu’elles ne sont pas connues dans les pays où croît le bétel, et où l’usage en est commun ; aussi les Européens qui font quelque séjour dans l’Orient s ’y accoutument-ils d’abord, et ne manquent-ils pas d’en faire bientôt leurs délices. Le grand usage qu’en font les Indiens leur carie les dents de bonne heure ; sou-