Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éloignés les uns des autres, vient de la position des montagnes, qui s’étendent du nord au sud dans la péninsule occidentale de l’Inde.

Dans les pays situés vers l’embouchure du Gange, ainsi qu’au Pégou, à Siam et à Malacca, les mois pluvieux sont septembre, octobre et novembre ; cependant, à Malacca, il pleut toute l’année deux à trois fois par semaine, excepté en janvier, février et mars, que la sécheresse est continuelle.

Passons aux productions de la terre.

Le bois d’aigle, bois d’aloès, bois de calambac, de calambouc ou d’agalloche, est donné par un arbre que les Portugais nomment aquila, par corruption d’agalloche, et les Français bois d’aigle. Cet arbre est petit, tortu, noueux, tout rempli d’un suc âcre et caustique, fort dangereux, s’il en tombe dans les yeux. Son bois est compacte, dur, pesant de couleur grise, brune ou noirâtre, résineux, d’une saveur très-amère. Il rend, quand on l’approche du feu ou qu’on le brûle, une odeur fort agréable ; il n’a qu’une légère âcreté, qui ne se fait même sentir qu’après l’avoir mâché long-temps. C’est dans la Cochinchine qu’il croît particulièrement ; mais les habitans en font un commerce qui le rend assez commun dans toutes les parties des Indes. Les grands et les personnes riches en font brûler dans des lieux bien fermés, où ils en reçoivent précieusement les vapeurs, comme une fumigation salutaire pour tout le corps : il ranime les es-