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visité les huit demeures infernales, il reconnut Thévathat dans la huitième, c’est-à-dire dans le lieu où les plus grands criminels sont tourmentés. Il fait la description de son supplice. Il le vit attaché à une croix avec de gros clous qui lui perçaient les pieds et les mains avec d’insupportables douleurs ; sa tête était environnée d’une couronne d’épines ; son corps tout couvert de plaies, et, pour comble de misère, un feu très-ardent le brûlait sans le consumer. La pitié fit oublier à Sammono-khodom toutes les injures qu’il avait reçues de ce frère coupable. Il lui proposa d’adorer ces trois mots, Pputhang, Thamang, Sangkhang, mots sacrés et mystérieux que les Siamois respectent beaucoup, et dont le premier signifie Dieu ; le second, parole ou verbe de Dieu ; le troisième, imitation de Dieu. La grâce de Thévathat fut mise à cette condition ; mais, après avoir adoré les deux premiers mots, il refusa d’adorer le troisième, parce qu’il signifie imitateur de Dieu ou prêtre, et que les prêtres sont des hommes pécheurs qui ne méritent pas ce respect. Il fut abandonné à son obstination, et son châtiment dure encore.

Tachard observe qu’entre plusieurs obstacles qui éloignent les Siamois de l’Évangile, rien ne leur inspire tant d’aversion que cette sorte de ressemblance qu’ils croient trouver sur quelques points entre leur religion et la nôtre, et qui leur persuade que ce Thévathat n’est pas différent de Jésus-Christ. Ils regar-