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Ils racontent des choses merveilleuses de certains anachorètes, qu’ils nomment prarasis. Cette race de solitaires mène une vie très-sainte et très-austère, dans des lieux éloignés du commerce des hommes. Les livres siamois leur attribuent une parfaite connaissance des secrets les plus cachés de la nature, l’art de faire de l’or et les autres métaux précieux. Il n’y a point de miracle qui soit au-dessus de leurs forces ; ils prennent toutes sortes de formes ; ils s’élèvent dans l’air ; ils se transportent légèrement d’un lieu à un autre. Mais, quoiqu’ils puissent se rendre immortels, parce qu’ils connaissent les moyens de prolonger leur vie, ils la sacrifient à Dieu de mille ans en mille ans, par une offrande volontaire qu’ils lui font d’eux-mêmes sur un bûcher, à la réserve d’un seul qui reste pour ressusciter les autres. Il est également dangereux et difficile de trouver ces puissans ermites ; cependant les livres des talapoins enseignent le chemin et les moyens qu’il faut prendre pour arriver aux lieux qu’ils habitent.

Les cieux et la terre sont éternels : un Siamois s’étonne qu’on puisse leur accorder un commencement et une fin. La terre n’est pas ronde : ce n’est qu’une superficie plane qu’ils divisent en quatre parties carrées. Les eaux qui séparent ces parties sont d’une subtilité qui ne permet entre elles aucune sorte de communication ; mais tout cet espace est environné d’une muraille dont la force est égale à sa prodigieuse