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passions a produit un changement si prodigieux dans son corps que son sang en est devenu blanc. Il a le pouvoir de se montrer ou de se rendre invisible aux yeux des hommes. Son agilité est surprenante ; dans un instant, par la seule force de ses désirs, il peut se transporter d’une extrémité du monde à l’autre. Il sait tout ; et sa science ne consiste pas, comme la nôtre, dans une suite de raisonnemens, mais dans une vue claire et simple qui lui présente tout d’un coup les préceptes de la loi, les vices, les vertus et les secrets les plus cachés de la nature ; le passé, le présent et l’avenir, le ciel, la terre, le paradis, l’enfer, toutes les parties du monde que nous voyons, et ce qui se passe même dans d’autres mondes que nous ne connaissons pas. Il se représente avec clarté tout ce qui lui est arrivé depuis la première transfiguration de son âme jusqu’à la dernière. Il meurt enfin, et un autre dieu lui succède. Ce règne de chaque divinité dure un certain nombre d’années, jusqu’à ce que le nombre des élus que ses mérites doivent sanctifier soit entièrement rempli ; après quoi, disparaissant du monde, elle tombe dans un repos éternel qui n’est pourtant point un anéantissement. Celle qui succède entre dans tous ses droits et gouverne l’univers à sa place.

Les hommes peuvent devenir dieux : mais c’est après avoir acquis par de longues épreuves une vertu consommée. Ce n’est pas même