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quelque vieux talapoin pour supérieur de ce nouvel établissement, et le couvent se forme autour du temple à mesure qu’il se présente de nouveaux habitans. Chaque cellule se bâtit à l’arrivée de celui qui doit l’occuper.

Ce n’est pas une petite entreprise que celle d’expliquer l’objet du culte des talapoins et la religion des Siamois. Tachard dit qu’elle est fort bizarre, et qu’elle ne peut être parfaitement connue que par les livres balis. La langue qui porte ce nom n’est entendue que par un petit nombre de docteurs talapoins, dont elle fait l’unique étude. Cependant le zèle des missionnaires leur a fait surmonter cet obstacle. Voici, suivant le père Tachard, ce qu’on a pu démêler dans une matière si obscure.

Les Siamois croient un Dieu ; mais ils entendent par ce grand nom un être composé d’esprit et de corps, dont le propre est de secourir les hommes ; et son secours consiste à leur donner une loi, à leur prescrire les moyens de bien vivre, à leur enseigner la véritable religion et les sciences qui sont nécessaires à leurs besoins. Les perfections qu’ils lui attribuent sont l’assemblage de toutes les vertus morales dans leur degré le plus éminent, qu’il doit à l’exercice continuel qu’il en a fait dans une infinité de corps par lesquels il a passé. Il est exempt de passions ; il ne ressent aucun mouvement qui puisse altérer sa tranquillité. Mais, avant d’arriver à ce sublime état, une application extrême à vaincre ses