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mais ils en ont un autre nommé chiavay, qui ne consiste que dans les bourgeons et les fleurs d’un certain arbre, qu’ils font bouillir après les avoir fait sécher et rôtir, et qui forme une liqueur fort agréable : elle se boit chaude, moins pour l’utilité que pour le plaisir. L’auteur accuse ici Tavernier d’une erreur grossière, lorsqu’il donne la préférence au thé du Japon sur celui de la Chine. « Qu’on en juge, dit-il, par la différence du prix, qui est de trente à cent. »

Il est certain que les Tonquinois ont été de tout temps une nation différente de celle des Chinois, qui les appellent mansos ou barbares, et leur pays Annam, parce qu’il est situé au sud de la Chine, et que les habitans ont beaucoup de ressemblance avec les autres Indiens dans leurs alimens, dans l’usage de colorier leurs dents et d’aller pieds nus, et dans la forme de leur gros orteil droit, qui s’écarte beaucoup des autres doigts du pied ; mais il ne faut point espérer d’éclaircissement sur la manière dont ce pays était gouverné avant qu’il devînt une province de la Chine, parce que les habitans, n’ayant alors aucun caractère d’écriture, n’ont pu conserver d’anciennes histoires, et que celles qu’ils ont composées depuis ne peuvent passer que pour autant de fictions et de fables.

Les Tonquinois, long-temps gouvernés par leurs propres rois, et souvent en guerre avec les empereurs de la Chine, avaient enfin été assujettis à ce grand empire.