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valle de repos, quoiqu’ils ne soient guère capables de supporter tout autre travail.

Ils sont mauvais artisans. Un ouvrier siamois n’ose aspirer à la moindre distinction dans son art. Sa réputation l’exposerait à se voir forcé de travailler gratuitement toute sa vie pour le service du roi. Comme ils sont employés indifféremment à toutes sortes d’ouvrages dans leurs six mois de corvées, chacun s’attache à faire un peu de tout, pour éviter les mauvais traitemens ; mais personne ne veut trop bien faire, parce que la servitude est le prix de l’habileté. Cinq cents ouvriers ne feraient pas dans l’espace de plusieurs mois ce qu’un petit nombre d’Européens achèveraient en peu de jours.

Voici les arts qu’ils connaissent. Ils sont assez bons menuisiers ; et comme ils n’ont pas de clous, ils entendent fort bien les assemblages. Ils se mêlent de sculpture, mais grossièrement. Les statues de leurs temples sont de fort mauvais goût. Ils savent cuire la brique et faire du ciment. En général, ils n’entendent pas mal la maçonnerie ; cependant leurs édifices de brique durent peu, faute de fondemens. Ils n’en font pas même à leurs fortifications. Siam n’a ni cristal fondu ni verre, et c’est une des choses qu’ils aiment le mieux.

Les Siamois savent fondre les métaux et jeter des ouvrages en moule. Ils revêtent fort bien leurs idoles d’une lame fort mince, ou d’or, ou d’argent, ou de cuivre, quoiqu’elles