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De tous les passe-temps des Tonquinois, les plus communs et les plus estimés sont le chant et la danse. Ils s’y livrent ordinairement le soir, et souvent ils y emploient toute la nuit. C’est ce que Tavernier nomme des comédies ; nom fort impropre, observe l’auteur, du moins s’il a prétendu les comparer à celles de l’Europe. On n’y a jamais vu, comme il le dit, des machines et de belles décorations. Les Tonquinois n’ont pas même de théâtres. Mais, outre les maisons des mandarins, qui ont quelques salles destinées à ces amusemens, on voit dans les aldées des maisons de chant où les habitans s’assemblent, surtout aux jours de fêtes. Le nombre des acteurs est ordinairement de quatre ou cinq, dont les gages montent à une piastre pour le travail d’une nuit ; mais la libéralité des spectateurs y joint quelques présens, lorsqu’ils sont satisfaits de leur habileté. Leurs habits sont d’une forme bizarre. Ils ont peu de chansons. Elles roulent sur cinq ou six airs ; la plupart à l’honneur de leurs rois et de leurs généraux, mêlées néanmoins d’apostrophes amoureuses et d’autres figures poétiques. La partie de la danse est bornée aux femmes ; mais elles chantent aussi : et, dans l’action même, elles sont souvent interrompues par un bouffon, le plus ingénieux de la troupe, qui s’efforce de faire rire l’assemblée par ses bons mots et ses postures comiques. Leurs instrumens de musique sont des trompettes, des timbales de cuivre, des hautbois,