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enrichies de pierres précieuses et d’écaille de tortue.

Dans la conversation, chacun doit éviter les sujets tristes, et faire tourner tous les discours à la joie, qui est le caractère naturel des habitans. C’est par la même raison qu’ils visitent rarement les malades, et qu’à l’extrémité même de la vie ils n’avertissent point leurs parens de mettre ordre à leurs affaires. Cet avis passerait pour une offense ; aussi meurent-ils la plupart sans avoir disposé de leur héritage par un testament ; ce qui donne lieu à des procès continuels pour la succession de ceux qui meurent sans enfans.

Les salles des grands ont plusieurs alcôves où chacun est assis sur des nattes, les jambes croisées. La distinction du rang est réglée par la hauteur des places ; les tapis et les coussins ne sont pas connus, même à la cour. On n’y voit pas d’autres lits que des nattes, avec une sorte d’oreiller, fait aussi de joncs ou de roseaux, qui sert de chevet ou d’appui.

Les alimens des seigneurs sont assez recherchés, quoique leurs préparations et leurs assaisonnemens ne paraissent point agréables aux étrangers. Le peuple vit de légumes, de riz et de poisson salé. On ne se sert ni de nappes ni de serviettes ; cette dépense, qui n’a pour objet que la propreté, serait inutile dans un pays où les doigts ne touchent jamais aux plats ni aux mets. Toutes les viandes sont coupées avant le service, et l’on mange, sui-