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de grands arbres dans tout le cours de notre voyage. On marcha tout le jour, et l’on ne s’arrêta que deux fois pour prendre un peu de repos. Comme on n’avait presque rien apporté pour boire et pour manger, on commença bientôt à ressentir les premières atteintes de la faim et de la soif, surtout après avoir marché avec beaucoup de diligence à l’ardeur du soleil, dans l’espérance d’arriver le même jour chez les Hollandais. Sur les quatre heures après midi, nous trouvâmes une grande mare d’eau qui servit beaucoup à nous soulager. Chacun y but à loisir. Les Portugais furent d’avis de passer le reste du jour et la nuit suivante sur le bord de cet étang. On fit du feu. Ceux qui purent trouver dans l’eau quelques cancres les firent rôtir et les mangèrent. D’autres, en plus grand nombre, après avoir bu une seconde fois, prirent le parti de se livrer au sommeil, bien plus abattus par la fatigue d’une si longue marche que par la faim qui les tourmentait, depuis deux jours qu’ils étaient à jeun.

» Le lendemain, après avoir bu par précaution pour la soif future, on partit de grand matin. Les Portugais prirent les devans, parce que, notre premier ambassadeur étant d’une faiblesse et d’une langueur qui ne lui permettaient pas de faire beaucoup de diligence, nous fûmes obligés de nous arrêter avec lui. Mais, comme il ne fallait pas perdre les Portugais de vue, nous prîmes le parti de nous diviser en trois troupes. La première suivait