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en s’établissant dans le royaume. C’était là en effet tout ce qu’il avait à faire, et l’unique but qu’il se proposait. Pour y parvenir, il fallait d’abord persuader au roi de recevoir dans ses états des étrangers, et de leur confier une partie de ses places. Ce premier pas ne coûta pas beaucoup à Constance ; le roi déférait tellement à tout ce que son ministre lui proposait, et celui-ci lui fit valoir si habilement tous les avantages d’une alliance avec des étrangers, que ce prince donna aveuglément dans tout ce qu’on voulut. La grande difficulté fut de se déterminer sur le choix du prince à qui on s’adresserait. Constance, qui n’agissait que pour lui, n’avait garde de songer à aucun prince voisin ; le manque de fidélité est ordinaire chez eux, et il y avait trop à craindre qu’après s’être engraissés de ses dépouilles, ils ne le livrassent aux poursuites des mandarins, ou ne fissent quelque traité dont sa tête eût été le prix.

Les Anglais et les Hollandais ne pouvaient être attirés à Siam par l’espérance du gain, le pays ne pouvant fournir à un commerce considérable. Les mêmes raisons ne lui permettaient pas de s’adresser aux Espagnols ni aux Portugais ; enfin, ne voyant point d’autre ressource, il crut que les Français seraient plus aisés à tromper. Dans cette vue, il engagea son maître à rechercher l’alliance du roi de France, par des ambassadeurs qu’il avait chargés en particulier d’insinuer que leur maître