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rencontrant dans leur passage le sommet de cette haute montagne fort échauffée des rayons du soleil, se résolvent en eau, et tombent ainsi de tous côtés. Il y aurait les plus belles observations du monde à faire là-dessus. En approchant de la hauteur, nous entendîmes un grand bruit de singes qui en font leur retraite, et qui faisaient rouler du haut en bas d’assez grosses pierres, dont le choc retentissait entre les rochers.

» Notre guide, qui n’était jamais monté si haut, en fut fort surpris, et me dit qu’il y avait sur la montagne des animaux plus gros que des lions, qui dévoraient les hommes. Je m’aperçus bientôt que c’était la peur et la fatigue qui le faisaient parler, je l’encourageai, et nous continuâmes notre route avec une difficulté extrême. Nous vîmes bientôt quantité de singes qui bordaient le haut de la montagne ; mais ils disparurent lorsqu’ils nous virent monter vers eux, et nous ne trouvâmes que leurs vestiges.

» Le sommet de la montagne est une grande esplanade d’environ une lieue de tour, presque toute de roc et fort unie, excepté qu’elle se creuse un peu dans le milieu, qui offre une belle source, formée apparemment par d’autres eaux qui viennent des endroits de l’esplanade les plus élevés. Nous vîmes aussi quantité de plantes odoriférantes qui croissent entre les rochers ; mais je ne trouvai rien de plus beau que les vues de cette montagne, que je fis dessiner. D’un côté, on voit la baie du cap et