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pays, il se révolta contre son prince, et se fit un état indépendant, dans lequel il se soutint assez heureusement par la force des armes pour laisser à ses enfans une succession tranquille. Leur puissance y étant mieux établie que jamais, il n’y a pas d’apparence que cette souveraineté retourne jamais à ses anciens maîtres.

La Cochinchine est sous la zone torride, au midi de la Chine ; elle s’étend depuis le 12e. degré jusqu’au 18e. De Rhodes lui donne quatre cents milles de longueur ; mais sa largeur est beaucoup moindre. Elle a pour bornes à l’orient la mer de la Chine, le royaume de Laos à l’occident, celui de Chiampa au sud, et le Tonquin au nord. Sa division est en six provinces, dont chacune a son gouverneur et ses tribunaux particuliers de justice. La ville où le roi fait son séjour se nomme Kehoué. Si les bâtîmens n’en sont pas magnifiques, parce qu’ils ne sont composés que de bois, ils ne manquent pas de commodités, et les colonnes fort bien travaillées, qui servent à les soutenir, leur donnent beaucoup d’apparence. La cour est belle et nombreuse, et les seigneurs y font éclater beaucoup de magnificence dans leurs habits.

Le pays est fort peuplé. De Rhodes vante la douceur des habitans ; mais elle n’empêche pas, dit-il, qu’ils ne soient bons soldats ; ils ont un respect merveilleux pour leur roi. Ce prince entretient continuellement cent cinquante ga-