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rues avec beaucoup de gravité, vêtus de longues robes, qu’ils tiennent serrées par une ceinture de cuir large de quatre doigts. À cette ceinture pend une bourse dans laquelle ils mettent les aumônes qu’ils reçoivent. Leur habitation est au milieu des bois, dans une sorte de cage qu’ils se font construire au sommet des arbres ; mais cette pratique n’est fondée que sur la crainte des tigres, dont le royaume est rempli. À chaque nouvelle lune ils vont prêcher dans les villes : ils y assemblent le peuple au son d’une cloche ou d’un bassin. Leurs discours roulent sur quelques préceptes de la loi naturelle, dont ils croient que l’observation suffit pour mériter des récompenses dans une autre vie, de quelque extravagance que soient les opinions spéculatives auxquelles on est attaché. Ces principes ont du moins l’avantage de les rendre charitables pour les étrangers, et de leur faire regarder sans chagrin la conversion de ceux qui embrassent le christianisme. Quand ils meurent, leurs funérailles se font aux dépens du peuple, qui dresse un bûcher des bois les plus précieux pour brûler leurs corps. Leurs cendres sont jetées dans la rivière ; mais leurs os demeurent enterrés au pied de l’arbre qu’ils ont habité pendant leur vie.

Le royaume de Boutan est d’une fort grande étendue ; mais on n’en connaît pas exactement les limites. Les caravanes qui s’y rendent chaque année de Patna partent vers la fin du