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kan, qui jouissaient alors de cette précieuse distinction, ne les portaient que le jour de leur couronnement.

La ville d’Arakan renferme six cents pagodes ou temples. On fait monter le nombre de ses habitans à cent soixante mille. Le palais royal est sur le bord d’un grand lac, diversifié par plusieurs petites îles, qui sont la demeure d’une sorte de prêtres auxquels on donne le nom de raulins. On voit sur ce lac un grand nombre de bateaux qui servent à diverses commodités, sans communication néanmoins avec la ville, qui est séparée du lac par une digue. On prétend que cette digue a moins été formée pour mettre la ville à couvert des inondations dans les temps tranquilles que pour l’inonder dans un cas de guerre où elle serait menacée d’être prise, et pour l’ensevelir sous l’eau avec tous ses habitans.

Le bras du fleuve qui coule vers Oriétan offre un spectacle fort agréable. Ses bords sont ornés de grands arbres toujours verts, qui forment un berceau continuel en se joignant par leurs sommets, et qui sont couverts d’une multitude de paons et de singes qu’on voit sauter de branches en branches. Oriétan est une ville où, malgré la difficulté de l’accès, les marchands de Pégou, de la Chine, du Japon, de Malacca, d’une partie du Malabar et de quelques parties du Mogol, trouvent le moyen d’aborder pour l’exercice du commerce. Elle est gouvernée par un lieutenant-général que