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nos cartes, avec Ptolémée, le mettaient beaucoup au-delà. Il leur demanda s’il pleuvait beaucoup en Éthiopie, et si les pluies y étaient réglées effectivement comme dans les Indes. Ils lui dirent qu’il ne pleuvait presque jamais sur la côte de la mer Rouge, depuis Suakan, Arkiko et l’île de Mazoua jusqu’à Babel-Mandel, non plus qu’à Moka, qui est de l’autre côté dans l’Arabie Heureuse ; mais que dans le fond du pays, dans la province des Agous, dans celle de Dambéa et dans les provinces circonvoisines, il tombait beaucoup de pluies pendant deux mois, les plus chauds de l’été, et dans le même temps qu’il pleut aux Indes. C’était, suivant son calcul, le véritable temps de l’accroissement du Nil en Égypte. Ils ajoutaient même qu’ils savaient très-bien que c’étaient les pluies d’Éthiopie qui font grossir le Nil, qui inondent l’Égypte, et qui engraissent la terre du limon qu’elles y portent ; que les rois d’Éthiopie fondaient là-dessus des prétentions de tribut sur l’Égypte, et que, lorsque les mahométans s’en étaient rendus les maîtres, ces princes avaient voulu détourner le cours du Nil dans le golfe Arabique, pour la ruiner et la rendre infertile ; mais que la difficulté de ce dessein les avait forcés de l’abandonner.

La fin de cette relation ne nous apprenant point le temps ni les circonstances du retour d’Aureng-Zeb, on doit s’imaginer qu’après le voyage de Cachemire, Bernier retourna