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gnes et des villes s’abîmer dans de grands lacs.

Quelque jugement qu’on en porte, Cachemire ne conserve plus aucune apparence de lac ; c’est une très-belle campagne, diversifiée d’un grand nombre de petites collines, et qui n’a pas moins de trente lieues de long sur dix ou douze de largeur ; elle est située à l’extrémité de l’Indoustan, au nord de Lahor, et véritablement enclavée dans le fond des montagnes du Caucase indien, entre celles du grand et du petit Thibet, et celles du pays du Radja-Gamon. Les premières montagnes qui la bordent, c’est-à-dire celles qui touchent à la plaine, sont de médiocre hauteur, revêtues d’arbres ou de pâturages, remplies de toutes sortes de bestiaux, tels que des vaches, des brebis, des chèvres et des chevaux. Il y a plusieurs espèces de gibier, tels que des lièvres, des perdrix, des gazelles, et quelques-uns de ces animaux qui portent le musc ; on y voit aussi des abeilles en très-grande quantité. Mais, ce qui est très-rare dans les Indes, on n’y trouve presque jamais de serpens, de tigres, d’ours ni de lions ; d’où Bernier conclut qu’on peut les nommer « des montagnes innocentes, et découlantes de lait et de miel, comme celles de la terre de promission. »

Au delà de ces premières montagnes, il s’en élève d’autres très-hautes, dont le sommet est toujours couvert de neige, ne cesse jamais d’être tranquille et lumineux, et s’élève au-dessus de la région des nuages et des brouil-