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Dans les rangs ou les fortunes inférieures, elles en ont d’argent, d’ivoire, de verre ou de laque dorée, et d’un fort beau travail. Quelquefois elles ont les bras garnis jusqu’au-dessous du coude ; mais ces riches ornemens paraissent les embarrasser, et n’ont pas l’air d’une parure aux yeux des étrangers. Quelques-unes en portent autour des chevilles du pied. La plupart se passent dans le bas du nez des bagues d’or garnies de petites perles, et se percent les oreilles avec d’autres bagues, ou avec de grands anneaux qui leur pendent de chaque côté sur le sein : elles ont au cou de riches colliers ou d’autres ornemens précieux, et aux doigts quantité de bagues d’or. Leurs cheveux, qu’elles laissent pendre et qu’elles ménagent avec beaucoup d’art, sont ordinairement noirs, et se nouent en boucles sur le dos.

Les femmes de considération ne laissent jamais voir leur visage aux étrangers. Lorsqu’elles sortent de leurs maisons, ou qu’elles voyagent dans leurs palanquins, elles se couvrent d’un voile de soie. Schouten prétend que cette mode vient plutôt de leur vanité que d’un sentiment de pudeur et de modestie ; et la raison qu’il en apporte, c’est qu’elles traitent l’usage opposé de bassesse vile et populaire. Il ajoute que l’expérience fait souvent connaître que celles qui affectent le plus de scrupule sur ce point sont ordinairement assez mal avec leurs maris, à qui elles ont donné d’autres occasions de soupçonner leur fidélité.