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sous le même portail, est le lieu où se tiennent les tambours, les trompettes et les hautbois qui se font entendre quelques momens avant que l’empereur se montre au public et lorsqu’il est prêt à se retirer. Au fond de cette troisième cour, on découvre le divan ou la salle d’audience, qui est élevée de quatre pieds au-dessus du rez-de-chaussée, et tout-à-fait ouverte de trois côtés ; trente-deux colonnes de marbre, d’environ quatre pieds en carré, avec leurs piédestaux et leurs moulures, soutiennent la voûte. Schah-Djehan s’était proposé d’enrichir cette salle des plus beaux ouvrages mosaïques, dans le goût de la chapelle de Florence ; mais, après en avoir fait faire l’essai sur deux ou trois colonnes, il désespéra de pouvoir trouver assez de pierres précieuses pour un si grand dessein ; et n’étant pas moins rebuté par la dépense, il se détermina pour une peinture en fleurs.

C’est au milieu de cette salle, et près du bord qui regarde la cour, en forme de théâtre, qu’on dresse le trône où l’empereur donne audience et dispense la justice : c’est un petit lit, de la grandeur de nos lits de camp, avec ses quatre colonnes, un ciel, un dossier, un traversin et la courte-pointe. Toutes ces pièces sont couvertes de diamans ; mais lorsque l’empereur s’y vient asseoir, on étend sur le lit une couverture de brocart d’or, ou de quelque riche étoffe piquée. Il y monte par trois petites marches de deux pieds de long. À l’un des côtés on élève un parasol sur un bâton de