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lui faire embrasser la religion de Mahomet.

Tavernier décrit la route d’Agra à Delhy, sans expliquer à quelle occasion ni dans quel temps il fit ce voyage ; il compte soixante-huit cosses entre ces deux villes, Delhy est une grande ville, située sur le Djemna, qui coule du nord au sud, et qui, prenant ensuite son cours du couchant au levant, après avoir passé par Agra et Kadiove, va se perdre dans le Gange. Schah-Djehan, rebuté des chaleurs d’Agra, fit bâtir près de Delhy une nouvelle ville, à laquelle il donna le nom de Djehanabad, qui signifie ville de Djehan : le climat y est plus tempéré. Mais depuis cette fondation, Delhy est tombée presqu’en ruine, et n’a que des pauvres pour habitans, à l’exception de trois ou quatre seigneurs, qui, lorsque la cour est à Djehanabad, s’y établissent dans de grands enclos, où ils font dresser leurs tentes. Un jésuite qui suivait la cour d’Aureng-Zeb prenait aussi son logement à Delhy.

Djehanabad, que le peuple, par corruption, nomme aujourd’hui Djenabab, est devenue une fort grande ville, et n’est séparée de l’autre que par une simple muraille. Toutes ses maisons sont bâties au milieu de grands enclos ; on entre du côté de Delhy par une longue et large rue, bordée de voûtes, dont le dessus est une plate-forme, et qui sert de retraite aux marchands ; cette rue se termine à la grande place où est le palais de l’empereur. Dans une autre, fort droite et fort large, qui vient se