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était Chinois et pilote : d’où nous devions conclure qu’indépendamment de son inclination, il était forcé de nous être fidèle ; qu’à la vérité nous pouvions prendre une route plus sûre, mais beaucoup plus longue ; qu’il nous en abandonnait la décision, et qu’au moindre signe il ne ferait pas même difficulté de retourner à Liampo. Faria lui sut bon gré de cette franchise ; il l’embrassa plusieurs fois, et le faisant expliquer sur cette route qu’il nommait la plus longue, il apprit de lui que, cent soixante lieues plus loin vers le nord nous pourrions trouver une rivière assez large, qui se nommait Sumhepadano, sur laquelle il n’y avait rien à redouter, parce qu’elle était peu fréquentée, mais que ce détour nous retarderait d’un mois entier. Nous délibérâmes sur cette ouverture. Faria parut le premier disposé à préférer les longueurs au péril, et Similau reçut ordre de chercher la rivière qu’il connaissait au nord. Nous sortîmes du golfe de Nankin ; et pendant cinq jours nous rangeâmes une côte assez déserte. Le sixième jour, nous découvrîmes à l’est une montagne fort haute, dont Similau nous dit que le nom était Fanjus. L’ayant abordée de fort près, nous entrâmes dans un beau port, qui, s’étendant en forme de croissant, peut contenir deux mille vaisseaux à couvert de toutes sortes d’orages. Faria descendit au rivage avec dix ou douze soldats ; mais il ne trouva personne qui pût lui donner les moindres lumières sur sa route. Son inquiétude