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» La jonque que le corsaire avait enlevée depuis peu de jours aux Portugais de Liampo leur fut restituée avec toutes leurs marchandises : ce qui n’empêcha point que le reste du butin ne montât à plus de cent trente mille taëls. Nous passâmes vingt-quatre jours dans la rivière de Tinlau pour y guérir nos blessés. Faria même avait besoin de ce repos : il avait reçu trois coups dangereux dont il avait négligé de se faire panser dans les premiers soins qu’il avait donnés au bien commun, et dont il eut beaucoup de peine à se rétablir. Mais son courage infatigable s’occupa, dans cet intervalle, du projet d’une autre expédition qu’il avait communiqué à Quiay-Panjam, et qu’il ne remettait pas plus loin qu’à l’entrée du printemps. Il se proposait de retourner dans l’anse de la Cochinchine, pour s’approcher des mines de Quanjaparu, où nous avions appris qu’on tirait quantité d’argent, et qu’il y avait actuellement sur les bords de la rivière six maisons remplies de lingots.

» Nous levâmes l’ancre pour nous avancer vers la pointe de Micuy, d’où notre premier dessein était toujours de nous rendre à Liampo. Un orage du nord-ouest qui nous surprit à cette hauteur exposa toute la flotte au dernier danger. La plus petite de nos jonques, commandée par Nanno-Preto, périt avec sept Portugais et cinquante autres chrétiens. Celle de Faria, qui était la plus grande, et dans laquelle nous avions rassemblé nos plus précieu-