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venons d’occuper de détails qui ne sont pas toujours amusans, s’ils sont toujours instructifs. Si, après avoir trouvé dans les derniers articles de quoi exercer leur raison et leur curiosité, ils désirent des objets faits pour intéresser leur sensibilité et leur imagination, ils pourront se satisfaire en lisant les aventures de Pinto et celles de Bontékoë, qui les suivront. Les premières ont quelquefois un air fabuleux, et il est permis sans doute de s’en défier, sans que cette espèce d’incrédulité nuise au plaisir qu’on y peut prendre. Mais il faut observer aussi que tout ce qui paraît incroyable n’est pas toujours impossible : si dans certaines matières on a commencé à croire moins, à mesure qu’on s’est éclairé davantage, on peut dire aussi que, sur d’autres points, on est devenu moins incrédule à mesure qu’on est devenu plus savant. C’est surtout aux récits des voyageurs, à l’histoire des mœurs et à la description des objets lointains, que cette assertion peut être appliquée ; et d’ailleurs elle est prouvée par une infinité d’exemples.

Comme dans le détail des événemens personne ne s’exprime avec plus d’intérêt que celui qui était acteur ou témoin, nous laisserons le plus souvent parler Pinto lui-même, et nous ne prendrons sa place que lorsqu’il faudra abréger son récit.

« J’avais éprouvé pendant dix ou douze ans, dit-il, la misère et la pauvreté dans la maison