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qu’à l’île de Sumbor, ils avaient eu le malheur d’être attaqués par un corsaire guzarate nommé Coja-Acem, qui avait, sur trois jonques, et quatre lantées, environ cent hommes, mahométans comme lui ; qu’après un combat de trois heures, dans lequel ils lui avaient brûlé une de ses jonques, ils avaient enfin perdu leur vaisseau, et la valeur de cent mille taëls en marchandises, avec dix-huit Portugais de leurs parens ou de leurs amis, dont la captivité leur faisait compter pour rien le reste de leur infortune, et la perte de quatre-vingt-deux hommes qui composaient leur équipage ; que, par un miracle du ciel, ils s’étaient sauvés au nombre de dix dans la même barque où nous les avions rencontrés, et que de ce nombre deux étaient déjà morts de leurs blessures.

» Après avoir écouté ce récit avec admiration, Faria, plein de ses idées, leur demanda si le corsaire avait été fort maltraité dans le combat, parce qu’il lui semblait qu’ayant perdu une de ses jonques, et celles des Portugais devant être dans un grand désordre, il était impossible que ses forces ne fussent pas beaucoup diminuées. Ils l’assurèrent que la victoire avait coûté cher à leur ennemi ; que, dans l’incendie de sa jonque, la plupart des soldats qui montaient ce bâtiment avaient trouve la mort dans les flots, et qu’il n’était entré dans une rivière voisine que pour y réparer ses pertes. Alors Faria se mit à genoux, tête nue