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solla, fort embarrassé par les instances continuelles d’une femme qu’il aimait uniquement, ne s’adressa point directement au gouverneur, dans la crainte de se commettre ou de lui avoir obligations. Il le fit tenter par des voies détournées ; et les offres de ses agens montèrent jusqu’à cent roupies pour chaque bouteille. Le gouverneur, heureusement informé de la cause de cet empressement, feignit d’ignorer d’où venaient des propositions si singulières, et témoigna froidement qu’il ne pensait point à vendre des liqueurs qui n’étaient que pour son usage. Enfin, Ragodgi-Bonsolla, ne pouvant soutenir la mauvaise humeur de sa maîtresse, les fit demander en son nom, avec promesse de reconnaître avantageusement un si grand service. On parut regretter à Pondichéry d’avoir ignoré jusqu’alors les désirs du prince des Marattes ; et le gouverneur, se hâtant de lui envoyer trente bouteilles de ses plus fines liqueurs, lui fit dire qu’il était charmé d’avoir quelque chose qui pût lui plaire. Ce présent fut accepté avec une vive joie. Le gouverneur en reçut aussitôt des remercîmens, accompagnés d’un passe-port par lequel on le priait d’envoyer deux de ses officiers pour traiter d’accommodement. Cette passion que ce général avait de satisfaire sa maîtresse l’avait déjà porté à défendre toutes sortes d’insultes contre la ville et les Français.

Deux bramines, gens d’esprit, et solidement attachés à la nation française, furent députés