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que l’humanité, l’honneur, la reconnaissance et tous les sentimens qui distinguent la nation française ne permettaient pas de rejeter une famille si respectable et tant de malheureux qui venaient se jeter entre ses bras. L’avis qu’il proposa, comme le sien, fut de les recevoir et de leur accorder la protection de la France. Ce parti fut généralement approuvé du conseil, et confirmé par les applaudissemens de tout ce qu’il y avait de Français à Pondichéry.

On se hâta d’aller avec beaucoup de pompe au-devant de la veuve du nabab. Toute la garnison fut mise sous les armes et borda les remparts. Le gouverneur, accompagné de ses gardes à pied et à cheval, et porté sur un superbe palanquin, se rendit à la porte de Valdaour, où la princesse attendait la décision de son sort. Elle était avec ses filles et ses neveux, sur vingt-deux palanquins, suivis d’un détachement de quinze cents cavaliers , de quatre-vingts éléphans, de trois cents chameaux, et de plus de deux cents voitures traînées par des bœufs, dans lesquelles étaient les gens de leur suite ; enfin de deux mille bêtes de charge. Après lui avoir fait connaître combien la nation s’estimait heureuse de pouvoir la servir, on la salua par une décharge du canon de la citadelle. Elle fut menée avec les mêmes honneurs aux logemens qu’on avait déjà préparés pour elle et pour toute sa suite. Il ne manqua rien à la civilité des Français, et tous les officiers mogols en témoignèrent une