Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fectée, le tour du fort sur les murailles, où l’on pouvait se promener facilement. La manière dont les habitans de Paliacate vont prendre l’eau qu’ils boivent est assez remarquable ; ils attendent que la mer soit retirée pour aller faire sur leur rivage des ouvertures d’où ils tirent de l’eau douce qui est excellente.

Le 12, il partit de Paliacate ; et le lendemain, vers dix heures du matin, il entra dans Madraspatan, ou Madras, fort anglais qui porte aussi le nom de Saint-Georges, et qui commençait alors à se peupler. Il s’y logea dans le couvent des Capucins, où le P. Éphraïm de Nevers et le P. Zénon de Beaugé jouissaient paisiblement de la protection du gouverneur. San-Thomé n’étant qu’à une demi-lieue de Madras, Tavernier visita cette ville, dont les Portugais étaient encore en possession ; mais leurs civilités ne purent l’empêcher de retourner le soir parmi les Anglais, avec lesquels il trouvait plus d’amusement. Ils l’arrêtèrent jusqu’au 22, qu’étant parti le matin, il fit six lieues pour aller passer la nuit dans un gros village qui se nomme Servavaron.

Le 23, il la passa dans le bourg d’Oudecot, après avoir traversé pendant sept lieues un pays plat et sablonneux, où l’on ne voit de toutes parts que des forêts de bambous d’une hauteur égale à nos plus hautes futaies. Il s’en trouve de si épaisses, qu’elles sont inaccessibles aux hommes ; mais elles sont peuplées d’une prodigieuse quantité de singes. On avait