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ferme, où se trouvait à l’ancre une jonque de Lequios qui menait à Siam un ambassadeur du Nautaquin de Lindau, prince de l’île de Tosa. Ce bâtiment ne nous eut pas plus tôt aperçus, qu’il fit voile vers nous. L’ambassadeur nous dépêcha sa chaloupe, envoya complimenter Faria, et lui offrit un coutelas de grand prix, dont la poignée et le fourreau étaient d’or, avec vingt-six perles dans une boîte du même métal. Quoique ce présent nous fît prendre une haute idée des richesses de la jonque, et que notre premier dessein eût été de l’attaquer, la générosité prit le dessus dans le cœur de Faria. Il regretta de ne pouvoir répondre aux civilités de l’ambassadeur par d’autres marques de reconnaissance que la liberté qu’il lui laissa de continuer sa route. Nous descendîmes au rivage, où nous employâmes trois jours à nous pourvoir d’eau et de poisson. De là nous étant approchés de la terre ferme, nous entrâmes le dimanche, dernier jour de mai, dans la rivière qui divise les royaumes de Camboge et de Tsiampa. L’ancre fut jetée vis-à-vis d’un grand bourg nommé Catimparu, à trois lieues dans les terres. Pendant douze jours que nous y passâmes à faire des provisions, Faria, naturellement curieux, prit des informations sur le pays et ses habitans. On lui apprit que la rivière naissait d’un lac nommé Pinator, à deux cent cinquante lieues de la mer, dans le royaume de Quirivan ; que ce lac était environné de hautes montagnes, au pied desquelles on