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des voyageurs par leur quantité prodigieuse autant que par la variété de leurs espèces. Dellon assure, qu’il a souvent eu le plaisir d’en voir prendre jusqu’à deux cents d’un coup de filet. Les paons y sont aussi en très-grand nombre ; mais la chasse en est plus difficile ; et cette raison, qui la rend plus agréable, est extrêmement fortifiée par l’utilité qu’on retire de leurs plumes. Elles servent dans toute l’Asie à faire des parasols, des éventails et des chasse-mouches, dont le manche est orné, pour les personnes riches, d’or, d’argent et de pierreries. Il est impossible, si l’on en croit Dellon, d’exprimer la quantité de chauves-souris dont toute la côte est infestée. Ces oiseaux nocturnes y sont une fois plus gros qu’en Europe. Ils se perchent, pendant le jour sur des arbres, où l’on en voit souvent plusieurs milliers. Le Malabar ne produit point d’éléphans, mais on y en amène du dehors, et les princes en nourrissent un fort grand nombre. Lorsqu’ils veulent châtier des sujets rebelles, ils envoient des éléphans dans leurs terres. Ces animaux, qu’on prend soin d’irriter, abattent les maisons et les arbres, ravagent les jardins, ruinent les campagnes, et forcent les plus obstinés à rentrer dans la soumission.

Le Malabar nourrit plusieurs animaux qui ressemblent au tigre. Ceux de la moindre espèce ne sont pas plus grands que nos plus gros chats. Dellon eut la curiosité d’en nourrir un pendant quelques mois au comptoir français