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crime est digne de mort, on fait sortir le coupable de l’enceinte du palais ; et les naïres de la garde, se faisant honneur d’exécuter l’ordre du prince, ambitionnent la fonction de bourreau. Lorsque le crime est assez noir pour dégrader le coupable de sa tribu, ses parens s’empressent eux-mêmes de lui donner la mort pour laver dans son sang la honte dont il couvre sa famille. Le supplice commun est de percer les criminels à coups de lance, et de les mettre en pièces à coups de sabre pour attacher leurs membres à plusieurs troncs d’arbres.

Chaque royaume du Malabar a plusieurs familles de princes qui composent ensemble la tribu royale, distinguée de toutes les autres tribus. À la mort d’un roi, le plus ancien des princes est déclaré son successeur, de quelque famille qu’il soit dans cette tribu, sans qu’il y ait jamais de contestation pour la royauté. Jamais aussi par conséquent on ne voit de jeunes souverains. Celui qui parvient à la dignité suprême pense, après son couronnement, à se procurer un lieutenant général sur lequel il puisse se reposer des soins du gouvernement. À la vente cette charge, qui donne le premier rang après lui, est ordinairement mise à l’enchère, mais il a le droit de choisir entre ceux qui en offrent le plus. C’est ce gouverneur de l’état qui expédie les lettres, les passe-ports et tous les ordres de la cour. Aussitôt que le roi se croit sûr de sa fidélité, il lui abandonne