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breuse à la certitude d’être couvert de toutes sortes d’insultes sous une escorte qui flatte moins la vanité.

Un naïre qui sert de garde reçoit ordinairement quatre tares par jour ; en campagne, sa paie est de huit tares. C’est une petite monnaie d’argent qui vaut à peu près deux liards, et dont seize valent un fanon, petite monnaie d’or de la valeur de huit sous. Les rois malabares ne fabriquent point d’autres espèces ; mais ils laissent un cours libre dans leurs états à toutes les monnaies étrangères d’or et d’argent.

Rien n’approche de la délicatesse et des scrupules de cette nation dans ce qui concerne les alliances et les mariages. Un hommes il est vrai, peut indifféremment se marier ou prendre une maîtresse dans sa tribu ou dans celle qui suit immédiatement la sienne. Mais s’il est convaincu de quelque intrigue d’amour avec une femme d’une tribu supérieure, les deux coupables sont vendus pour l’esclavage ou punis de mort. Si la femme ou la fille est de la tribu des nambouris, et son amant de celle des bramines, on se contente de les vendre. Si l’homme est d’une tribu plus basse, il est condamné à mourir, et la femme est remise entre les mains du prince, qui a le droit de la vendre à quelque étranger chrétien ou mahométan. Comme les femmes des quatre premières tribus l’emportent ordinairement sur les autres par la beauté ou les agrémens, il se