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diculairement sur nos têtes. Le 21 et les deux jours suivans, nous nous occupâmes à construire une arbalète pour prendre hauteur ; on traça un cadran sur le couvert, et l’on prépara un bâton avec les croix. Tennis Thybrandz, menuisier du vaisseau, avait un compas et quelque connaissance de la manière dont il fallait marquer la flèche. En nous aidant mutuellement, nous parvînmes à faire une arbalète dont on pouvait se servir. Je gravai une carte marine dans la planche, et j’y traçai l’île de Sumatra, celle de Java, et le détroit de la Sonde, qui est entre ces deux îles. Le jour de notre infortune, ayant pris hauteur sur le midi, j’avais trouvé que nous étions par les 5° 30′ de latitude du sud, et que le pointage de la carte était à vingt lieues de terre. J’y traçai encore une rose des vents, et tous les jours je fis l’estime. Nous gouvernions à sept lieues au sud ou au-dessus de l’entrée du détroit, dans la vue de choisir plus facilement notre route, lorsque nous viendrions à découvrir les terres.

» Des sept ou huit livres de biscuit qui faisaient notre unique provision, je réglai des rations pour chaque jour ; et pendant qu’il dura, je distribuai à chacun la sienne ; mais on en vit bientôt la fin, quoique la mesure pour chaque jour ne fût qu’un petit morceau de la grosseur du doigt. On n’avait aucun breuvage. Lorsqu’il tombait de la pluie, on amenait les voiles, qu’on étendait dans l’espace de la cha-