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raconta que le maître-valet, étant descendu l’après-midi, suivant l’usage, pour tirer l’eau-de-vie qui devait être distribuée le lendemain à l’équipage, avait attaché son chandelier de fer aux cercles d’un baril qui était d’un rang plus haut que celui qu’il devait percer. Une étincelle, ou plutôt une partie de la mèche ardente était tombée justement dans le bondon. Le feu avait pris à l’eau-de-vie du tonneau, et les deux fonds ayant aussitôt sauté, l’eau-de-vie enflammée avait coulé jusqu’au charbon de forge. Cependant on avait jeté quelques cruches d’eau sur le feu, ce qui le faisait paraître éteint. Bontekoë, un peu rassuré par ce récit, fit verser de l’eau à pleins seaux sur le charbon, et n’apercevant aucune trace de feu, il remonta tranquillement sur les ponts. Mais les suites de cet événement devinrent bientôt si terribles, que, pour satisfaire pleinement la curiosité du lecteur par une description intéressante, dont les moindres circonstances méritent d’être conservées, il faut que cette peinture paraisse sous les couleurs simples, de la nature, c’est-à-dire dans les propres termes de l’auteur.

« Une demi-heure après, quelques-uns de nos gens recommencèrent à crier au feu. J’en fus épouvanté ; et descendant aussitôt, je vis la flamme qui montait de l’endroit le plus creux du fond de cale. L’embrasement était dans le charbon, où l’eau-de-vie avait pénétré ; et le danger paraissait d’autant plus pressant,