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tit de cette cour le 3 novembre 1556, accompagné de quelques seigneurs qui avaient ordre de l’escorter jusqu’à Pridor. Ils prirent congé de lui dans un grand festin. Dès le même jour, ayant quitté cette ville, nous nous embarquâmes sur la grande rivière de Bitouy, d’où nous passâmes dans le détroit de Maduré, et cinq jours de plus nous firent arriver à Mouchel, première place du royaume de Pégou.

» Mais, si près du terme, et dans un lieu de la dépendance du roi de Brama, nous étions attendus par un malheur dont nous ne pouvions nous croire menacés. Un corsaire, nommé Chalogonim, qui observait peut-être notre retour, nous attaqua pendant la nuit et nous traita si mal jusqu’au jour, qu’après nous avoir tué cent quatre-vingt-dix hommes, entre lesquels étaient deux Portugais, il enleva cinq de nos douze barques. L’ambassadeur même eut le bras gauche coupé dans ce combat, et reçut deux coups de flèches qui firent long-temps désespérer de sa vie. Nous fûmes blessés aussi presque tous ; et le présent du calaminham fut enlevé dans les cinq barques, avec quantité de précieuses marchandises. Dans ce triste état, nous arrivâmes trois jours après à Martaban. L’ambassadeur écrivit au roi pour lui rendre compte de son voyage et de son infortune. Ce prince fit partir aussitôt une flotte de cent vingt seros, ou barques, qui rencontra le corsaire, et qui le fit prisonnier après avoir ruiné sa flatte. Cent Portugais qui avaient été nommés