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toujours de répondre avec modération, on me fit un nouveau crime du mépris qu’on me reprocha pour la justice. Je fus condamné, pour expier cette offense, à recevoir le fouet par la main des exécuteurs publics, et mes ennemis firent dégoutter dans mes plaies une gomme brûlante qui me causa de mortelles douleurs. Cependant quelque ami de la justice ayant représenté au gouverneur que, s’il me faisait ôter la vie, cette nouvelle irait jusqu’à Pégou, où tous les Portugais ne manqueraient pas d’en faire leurs plaintes au roi, il se réduisit à confisquer tout ce que je possédais, et à me déclarer esclave du roi. Aussitôt que je fus guéri de mes blessures, je fus conduit à Pégou avec les chaînes que je n’avais pas cessé de porter ; et sur les informations de Bainha-Chaqué, je fus livré à la garde du trésorier du roi, nommé Diosoraï, qui était déjà chargé de six autres Portugais pris les armes à la main dans un navire de Cananor.

» Pendant mon esclavage, qui dura l’espace de deux ans et demi, le roi de Brama, poussant ses conquêtes, attaqua Prom, où il exerça les mêmes cruautés qu’à Martaban. Il ruina cette ville et détruisit la famille royale. Mélitaï, qui fit une plus longue résistance, ne fut pas moins emporté par la violence de cet impétueux torrent. De là il se proposait de faire tomber le poids de ses armes sur le roi d’Ava, qu’il voulait punir d’avoir pensé à venger le roi de Prom, son gendre ; mais ap-