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qu’il eut de mon dessein : la crainte de perdre l’argent que je lui avais coûté, si j’abrégeais volontairement mes jours, lui fit prendre le parti de me vendre à un juif du Tor. Je partis avec ce nouveau maître pour Cassan, où son commerce l’appelait. Mon esclavage n’aurait pas été plus doux entre les mains d’un chrétien. De là, il me conduisit à Ormus, où j’appris avec des transports de joie que don Fernand de lima, dont j’étais connu, était gouverneur du fort portugais. J’obtins de mon maître la permission de me présenter à lui. Ce généreux seigneur, et don Pedro Fernandez, commissaire général des Indes, qui se trouvait alors dans l’île d’Ormus, firent les frais de ma liberté. Elle leur coûta deux cents pardos, c’est-à-dire environ cent vingt écus de notre monnaie. »

Pinto continue de s’étendre sur quantité d’aventures qui n’ont rien d’intéressant. Il se trouve à Malacca, où le gouverneur don Pedro de Faria prend de l’affection pour lui.

« Don Pedro de Faria, cherchant l’occasion de m’avancer, m’envoya dans une lanchare au royaume de Pan, avec dix mille ducats, qu’il me chargea de remettre à Thomé Lobo, son facteur dans cette contrée. De là, ses ordres devaient me conduire à Patane, qui est cent lieues plus loin. Il me donna une lettre et un présent pour le roi de Patane, avec une ample commission pour traiter avec lui de la liberté de cinq Portugais qui étaient esclaves