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présent de son arquebuse au nautaquin. Il choisit pour ce témoignage de reconnaissance un jour qu’il revenait de la chasse ; après avoir tué quantité de colombes et de tourterelles, il lui offrit cet instrument qui lui donnait cet empire sur leur vie. Le prince lui fit compter sur-le-champ mille taëls ; mais il le pria de lui apprendre à faire de la poudre, sans quoi l’arquebuse n’était qu’une pièce de fer inutile.

» Nous avions déjà passé vingt-trois jours dans l’île de Tanixuma, lorsqu’on avertit le nautaquin de l’arrivée d’un vaisseau du roi de Bungo, qui apportait avec plusieurs marchands un vieillard respectable auquel il se hâta de donner audience. Nous étions présens à cette cérémonie. Le vieillard, s’étant mis à genoux devant lui, avec quelques discours que nous ne pûmes entendre, lui offrit une lettre et un coutelas garni d’or. La lecture de cette lettre parut causer quelque embarras au nautaquin. Après avoir congédié celui qui l’avait apportée, il nous fit approcher de lui : « Mes bons amis, nous dit-il par la bouche de son interprète, je vous prie d’écouter le contenu de cette lettre que je reçois du roi de Bungo, mon seigneur et mon oncle. Je vous expliquerai ensuite ce que je désire de vous. » L’interprète nous fit entendre qu’Orgendono, roi de Bungo et de Facata, marquait à Hiascaran Goxo, nautaquin de Tanixuma, son gendre et son neveu, qu’ayant, appris depuis peu de jours qu’il avait dans son île trois Chin-