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pondîmes que nous ne savions pas exactement le nombre des maisons, parce que le royaume de Portugal était si grand, si riche et si peuplé, que le dénombrement de ses trésors et de ses habitans était impossible. Après deux heures d’un entretien de cette nature, le nautaquin se tourna vers ses gens, et leur dit avec admiration : « Assurément aucun des rois que nous connaissons sur la terre ne doit s’estimer heureux, s’il n’est vassal d’un aussi grand monarque que l’empereur du Portugal. » Ensuite, ayant laissé au nécoda la liberté de retourner à bord, il nous pressa de passer quelque temps dans son île. Nous y consentîmes avec la participation des Chinois. L’ordre fut donné pour nous préparer un logement commode, et nous fûmes logés pendant plusieurs jours chez un riche marchand qui n’épargna rien pour seconder les intentions de son prince.

» Le nécoda, n’ayant pas fait difficulté de débarquer toutes ses marchandises, profita fort heureusement, de notre faveur. Il nous avoua que, dans l’espace de peu de jours, un fonds d’environ deux mille cinq cents taëls en divers effets qui lui restaient de sa fortune lui en avait valu trente mille, et que toutes ses pertes étaient réparées. Comme nous étions sans marchandises, et par conséquent sans occupation, notre ressource, dans le temps que la curiosité du nautaquin nous laissait libres, était la chasse ou la pêche. Diégo-Zeimoto,