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ciel, pires que des bêtes féroces, et sans doute d’un pays et d’une nation barbare, puisque avec un même langage et les mêmes usages, ils avaient été capables de se blesser et de s’entre-tuer sans raison ; qu’ils méritaient d’être bannis du commerce des hommes, comme les plus dangereux serpens, et qu’ils devaient s’attendre d’être confinés dans les mines de Chabaquai, de Sumbor ou de Lamau, lieux faits pour des monstres de leur espèce, et dans lesquels ils auraient le plaisir de hurler avec les animaux, qui n’étaient pas plus farouches et plus vils qu’eux. » Ce discours peut servir à faire connaître les idées des Chinois sur les qualités sociales et sur les lois de la police.

Ils parurent ensuite devant un tribunal fort majestueux, qui leur fit donner encore trente coups de fouet, mais qui les renvoya dans une prison plus douce, où ils passèrent deux mois entiers. Enfin, dans une fête publique, où l’usage est de faire beaucoup d’aumônes pour les morts, le prince se ressouvint d’eux avec quelques sentimens de pitié. Il leur fit grâce de la vie en faveur de leur misère et en qualité d’étrangers ; mais ce ne fut que pour être conduits dans une forge de fer, et pour y être employés aux ouvrages les plus pénibles. Ils y passèrent six mois nus et presque sans nourriture. Une maladie dont ils furent tous attaqués, et dont on craignit la contagion, leur fit obtenir la liberté de sortir pour se faire