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le tuer, du moins sans confession. Ils parurent peu sensibles à sa prière, et le traitèrent de luthérien. Ensuite l’ayant saisi au collet, lui et ses compagnons, ils leur lièrent étroitement les mains derrière le dos, et les menacèrent de la mort, s’ils ouvraient la bouche pour parler. Ils leur tinrent l’épée sur la gorge pendant plus d’une heure, pour se donner le temps de rendre compte aux facteurs portugais du succès de leur entreprise. Le chef de ces brigands était un métif de Cochin, nommé Jean Furtado, qui était depuis quelque temps à Calicut pour se faire restituer un navire que les corsaires voisins lui avaient enlevé. Aussitôt que son messager fut revenu, il fit dépouiller les trois Français de tout ce qu’ils avaient apporté, et les fit jeter nus et liés dans une almadie presque remplie d’eau, où ils s’imaginèrent d’abord qu’on voulait les noyer. Cependant il leur promit avec serment de ne leur faire aucun mal. L’almadie fut mise en mer. On s’avança jusqu’à la côte de Chaly, où l’on prit terre. Peu de temps après ils arrivèrent à Cochin.

Pendant qu’ils étaient dans leur barque, attendant le retour d’un des guides qui était allé porter au gouverneur la lettre de Furtado, ils admirèrent la foule du peuple que la curiosité amenait pour les voir. Chacun leur disait qu’ils seraient pendus le lendemain, et leur montrait une grande place à droite de la civière en entrant dans la ville ; on y voyait