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chiampans, qui apportent à Manille quantité de marchandises sur lesquelles ils font beaucoup plus de profit qu’ils n’en peuvent espérer à la Chine ; ils demeurent cachés quelque temps pour éluder la loi ; ensuite l’habitude de les voir et l’intérêt même des Espagnols font fermer les yeux sur leur hardiesse.

Les sangleys de Parian sont gouvernés par un alcade ou un prévôt, auquel ils paient une somme considérable. Ils ne sont pas moins libéraux pour l’avocat fiscal, qui est leur protecteur déclaré ; pour l’intendant et les autres officiers, sans parler des impôts et des tributs qu’ils paient au roi. Pour la seule permission de jouer, au commencement de la nouvelle année, ils donnent au roi dix mille piastres. On ne leur laisse néanmoins cette liberté que très-peu de jours, pour ne pas les exposer à perdre le bien d’autrui. D’ailleurs ils sont contenus rigoureusement dans le devoir : on ne leur permet pas de passer la nuit dans les maisons des chrétiens, et leurs boutiques ne doivent jamais demeurer sans lumière.

Il y a dans l’île un grand nombre de maisons religieuses, comme dans toutes les possessions espagnoles. Les jésuites y avaient un couvent magnifique.

Le lac de Manille, qui donne son nom à la rivière et à la baie, est fort long, mais fort étroit ; son circuit est d’environ quatre-vingt-dix milles. En allant de Manille au lac de Bahi, qui en est à dix-huit milles dans les terres, on