Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est sorti les Manghians, autre race de noirs qui habitent les îles de Mindoro et de Mundos. Quelques-uns ont les cheveux aussi crépus que les Nègres d’Angola ; d’autres les ont assez longs. La couleur de leur visage est celle des Éthiopiens. Carreri, voyageur italien, qui tenait ce détail des jésuites et de plusieurs autres missionnaires, ne fait pas difficulté d’ajouter, sur leur témoignage, qu’on a vu à plusieurs de ces barbares des queues de quatre ou cinq pouces de long.

Il paraît, suivant l’opinion la plus commune, que les premiers habitans de ces îles ont été les noirs, et que, leur lâcheté naturelle ne leur ayant pas permis de défendre leurs côtes contre les étrangers qui sont venus de Sumatra, de Bornéo, de Macassar et d’autres pays, ils les ont abandonnées pour se retirer dans d’autres montagnes. Aussi, dans toutes les îles où cette race de noirs subsiste encore, les Espagnols ne possèdent que les côtes. Ils ne les possèdent pas même entièrement. Depuis Maribèles jusqu’au cap de Bolinéa, dans l’île même de Manille, on n’ose descendre au rivage pendant cinquante lieues, dans la crainte des noirs, qui sont les plus cruels ennemis des Européens. Ils occupent tout l’intérieur de l’île, et l’épaisseur des bois est seule capable de les défendre contre les plus fortes armées. On lit dans les relations mêmes des Espagnols que de dix habitans de l’île, à peine l’Espagne en compte un dans sa dépendance. Passons avec Carreri