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de vaisseaux qu’on n’en avait amené, sans parler des instrumens, des chevaux et des autres provisions pour la guerre et pour le travail des mines. Après avoir fait quatre-vingt-dix lieues par mer, les Portugais entrèrent dans la rivière de Cuama. Ils s’avancèrent, suivant les vues de Monclaros, jusqu’à Séna, et gagnèrent ensuite la ville d’Inaparapola, qui est voisine d’une ville des Maures. Ces Maures commencèrent à traverser leurs desseins, comme ils avaient fait autrefois dans l’Inde. Ils tentèrent d’empoisonner toute l’armée. Quelques hommes et plusieurs chevaux en moururent ; mais cette perfidie ayant été découverte par l’avis d’un des complices, les traîtres furent passés sans pitié au fil de l’épée, et leur chef exposé à la bouche du canon. Un seul, qui protesta que la sainte Vierge lui avait ordonné de se rendre chrétien sous le nom de Laurent, obtint par grâce d’être pendu. Ce n’était pas trop la peine de faire parler la Vierge.

Barretto envoya des ambassadeurs au monarque de Monomotapa, qui les reçut avec une distinction extraordinaire. Loin de les traiter comme ceux des autres princes, qui ne se présentaient devant lui qu’à genoux, pieds nus et sans armes, et qui se prosternaient jusqu’à terre devant son trône, il leur accorda une audience fort honorable. Le motif de cette ambassade était de lui demander la permission de le venger du roi de Mongas, qui s’était révolté contre lui, et celle de pénétrer jusqu’aux