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fortunes. Les Hollandais, avertis par ce tumulte, repassèrent promptement la rivière, et les poursuivirent jusqu’à la portée du canon de la capitale, où le roi fut obligé de se renfermer. Ils n’eurent pas la hardiesse de l’assiéger ; mais, bloquant la place, ils s’efforcèrent de couper la communication des vivres pendant que deux vaisseaux de leur nation gardaient le port et bouchaient le passage de la mer. En même temps ils mirent le feu de toutes parts au riz, dont on était près de faire la récolte. Ils pillèrent tous les villages voisins, forcèrent les habitans de chercher une retraite dans les montagnes. Les troupes qui restaient au roi dans la ville firent plusieurs sorties sous la conduite de Daen-ma-allé, frère de ce prince ; mais leurs ennemis, se flattant d’obtenir bientôt par la famine ce qu’ils n’étaient pas sûrs d’emporter par la force, prirent toujours le parti de battre en retraite. En effet, les provisions qui s’étaient trouvées dans la place furent bientôt épuisées. Le riz s’y vendit au poids de l’or ; et pendant plusieurs mois, on n’y vécut que du cuir de différens animaux, qu’on faisait bouillir dans de l’eau pure.

Les espérances du roi étaient fondées sur les vaisseaux portugais qui venaient mouiller tous les ans dans le port d’Ionpandam, et qu’il attendait de jour en jour. Ils arrivèrent enfin ; mais quelle fut la surprise des Macassarois à la vue de trente autres voiles qui parurent presque aussitôt avec le pavillon de Hollande, et qui enveloppèrent la petite flotte dont ils se