Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils crient beaucoup et fort haut. On assure que, dans les temps qu’on y formait la ligue qui en chassa les Portugais, un perroquet, volant dans l’air, cria d’une voix très-forte, je meurs, je meurs, et que, battant en même temps des ailes, il tomba mort. Voilà un présage à opposer au vol des oiseaux chez les anciens ; mais on peut croire au babil des perroquets des Moluques sans croire à ceux des historiens. Un Hollandais avait un perroquet qui contrefaisait sur-le-champ tous les cris des autres animaux qu’il entendait.

L’île de Ternate a quantité d’oiseaux de paradis, que les Portugais nomment paxaros del sol ou oiseaux du soleil. Les habitans leur donnent le nom de manucodiata, qui signifie oiseau des dieux. Autrefois on racontait fort sérieusement, et plusieurs auteurs l’ont répété, que ces oiseaux vivent de l’air, qu’ils ne viennent jamais à terre, qu’ils n’ont pas de pieds, et qu’ils se reposent en se suspendant aux arbres par les longs filets de leur queue. Telle est l’idée d’après laquelle plusieurs naturalistes anciens les représentent ; elle venait de l’usage établi parmi ceux qui les prennent de leur ôter les pieds, et de ne leur laisser que la tête, le corps et la queue, qui est composée de plumes admirables. Ils les font sécher ensuite au soleil, ce qui fait disparaître toutes les traces des pieds. Ces absurdités étaient d’autant plus accréditées, que l’origine et le genre de vie de ces oiseaux étaient totalement ignorés. L’on ne se