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sard leur fait rencontrer, sans en excepter le roi, sont obligés de se retirer à l’écart. Le plus grand seigneur ne peut leur parler sans la permission de leur mari. Elles ont toute la nuit du bétel auprès d’elles, pour en mâcher continuellement, et une esclave qui leur gratte la peau.

Les magistrats de Bantam tiennent le soir leurs assemblées au palais, pour rendre justice à ceux qui la demandent. L’entrée est ouverte à tout le monde ; point d’avocats ni de procureurs, et les procès ne sont jamais fatigans par les longueurs. On attache à un poteau les criminels condamnés à mort, et l’unique supplice est de les poignarder dans cette situation. Les étrangers qui ont commis quelque meurtre peuvent se racheter pour une somme d’argent qu’ils paient au maître ou à la famille du mort ; loi de pure politique, dont le but est de favoriser le commerce : les Hollandais eurent obligation plus d’une fois à cet établissement ; mais les habitans du pays ne sont pas traités avec la même indulgence.

C’est pendant la nuit, et à la clarté de la lune, qu’on traite des affaires d’état, et qu’on prend les plus importantes résolutions. Le conseil s’assemble sous un arbre fort épais ; il doit être au moins de cinq cents personnes, lorsqu’il est question d’imposer quelques nouveaux droits, ou de faire quelque levée de deniers sur la ville. Les conseillers donnent audience, et reçoivent les impositions qui regardent le bien