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sien ; et, lorsqu’ils sont pleins, on regarde la moisson comme assurée.

Les Chingulais ont quantité d’excellens fruits : mais ils en auraient beaucoup davantage, s’ils les aimaient assez pour donner quelque soin à leur culture. Ils s’attachent peu à ceux qui n’ont d’agréable que le goût, et qui ne sont pas propres à leur servir d’aliment lorsque le grain commence à leur manquer ; ce qui semble prouver une grande population. Ainsi les seuls arbres qu’ils plantent sont ceux qui produisent des fruits nourrissans. Les autres croissent d’eux-mêmes ; et ce qui diminue encore les soins des habitans, c’est que, dans tous les lieux où la nature fait croître des fruits délicats, les officiers du pays attachent, au nom du roi, une feuille autour de l’arbre, et font trois nœuds à l’extrémité de cette feuille. On ne peut alors y toucher sans s’exposer aux plus sévères châtimens, et quelquefois même à la mort. Lorsque le fruit est mûr, l’usage est de le porter dans un linge blanc au gouverneur de la province, qui met le plus beau dans un autre linge, et l’envoie soigneusement à la cour, sans qu’il en revienne rien au propriétaire. L’île produit d’ailleurs tous les fruits qui croissent aux Indes. Mais elle en a de particuliers, tels que le mango, fruit du manguier, qui est commun aux environs de Columbo ; le jack, qui se nomme polos lorsqu’il commence à pousser, cose lorsqu’il est tout vert, et ouaracha ou vellas dans sa maturité. Ce fruit, qui est