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ser, ils lui sacrifient souvent de jeunes coqs. Si l’on veut voir un exemple de la crédulité et des raisonnemens étranges où elle conduit, il n’y a qu’à lire ce que dit le voyageur Knox, zélé protestant, sur les possédés de Ceylan.

« J’ai vu souvent des hommes et des femmes si étrangement possédés, qu’on ne pouvait s’empêcher de reconnaître que leur agitation venait d’une cause surnaturelle. Dans cet état, les uns fuyaient au milieu des bois en poussant des cris ou plutôt des hurlemens ; d’autres demeuraient muets et tremblans, faisant des contorsions ou parlant comme des fous sans aucune liaison dans leurs discours : quelques-uns en guérissent, d’autres en meurent. Je puis affirmer que souvent le diable crie la nuit d’une voix inintelligible qui ressemble à l’aboiement d’un chien. Je l’ai moi-même entendu. Les habitans du pays remarquent, et j’ai fait la même observation, qu’immédiatement avant qu’on l’entende, ou bientôt après, le roi fait toujours mourir quelqu’un. Les raisons qu’on a de croire que c’est la voix du diable, sont celles-ci : 1o. qu’il n’y a point de créature dans l’île dont la voix ressemble a celle qu’on entend ; 2o. qu’on l’entend souvent dans un lieu d’où elle part tout d’un coup pour aller se faire entendre dans un autre plus éloigné, et plus vite qu’aucun oiseau ne peut voler ; 3o. que les chiens mêmes tremblent à ce bruit ; enfin que c’est l’opinion de tout le monde. » Il est aisé de